
Vers une nouvelle Charte de l’éducation pour relever de nouveaux défis et mieux faire réussir nos élèves
« L’éducation est la priorité de la Polynésie française. Elle a pour finalité d’élever l’enfant pour qu’il devienne une personne responsable, respectueuse d’elle-même, des autres et de l’environnement. La Polynésie française fait donc de son système éducatif l’instrument qui garantit à sa société sa cohésion sociale, son bien-être et son développement durable, dans le respect de son identité, de ses langues, de sa culture et de son histoire. » [Loi du Pays du 7 juillet 2011 portant approbation de la Charte de l’éducation]
Notre système éducatif est jeune et hérité de l’histoire. Les Chartes de l’éducation successives de 1992, de 2011, de 2016 et de 2017 ont été des actes fondateurs pour le faire évoluer. Si des progrès importants ont été accomplis, nous sommes nombreux à faire le constat que ce système ne répond pas encore à tous les besoins de nos élèves, de nos familles, de nos personnels et plus globalement, de notre société. Je souhaite, à partir de larges concertations, poursuivre et amplifier les travaux engagés par nos aînés. Nous ne partons pas de rien, nous avons un héritage. C’est pourquoi, il est essentiel de commencer par évaluer avec vous, la Charte de l’éducation en vigueur. Il s’agira d’identifier les avancées qu’elle a permises, les difficultés qui perdurent et les solutions pour tenter d’y remédier.
Pour que notre École soit plus proche de chacun de nous, et ressemble à ce que nous souhaitons, j’organiserai une grande consultation afin de bâtir, ensemble, le projet éducatif de « Notre École polynésienne ». Chaque acteur du système éducatif, mais aussi tous nos partenaires, pourront s’exprimer et nous soutenir dans ce grand et beau projet.
Disons quelle société nous voulons bâtir pour savoir de quelle École nous avons besoin.
Soyons fiers de notre identité, de nos langues, de nos cultures, de notre environnement marin et terrestre, de nos lagons et de notre Océan. Faisons de notre immense étendue, de nos archipels, de nos différentes langues et de nos cultures variées, un atout qui favorise l’épanouissement de nos jeunes, de tous nos jeunes, de notre École. Sachons les concilier pour contribuer à construire une société plus durable. Participons à la stratégie économique du Pays qui repose aussi sur la valorisation de la culture et du patrimoine.
Ayons l’ambition d’une École pour tous, d’une École encore plus inclusive, d’une École dans laquelle les élèves apprennent tout aussi bien avec leur tête qu’avec leurs mains, d’une École ouverte sur son environnement et permettant à chaque enfant polynésien de poser les jalons sur le chemin qu’il choisira et méritera.
Identifions les futurs métiers, les savoir-être et savoir-faire indispensables. Renforçons la voie de l’école numérique pour répondre aux besoins de nos enfants des îles éloignées et de nos personnels.
Osons innover et expérimenter car nous pouvons le faire plus aisément que d’autres : la dimension de notre système éducatif (50 000 élèves et 5200 personnels) le permet. Préparons notre jeunesse aux métiers de notre Fenua et de notre Moana. Après le « Campus des métiers de l’hôtellerie et de la restauration », offrons à nos jeunes la diversité permise par un futur « Campus des métiers de la mer » ou encore par des lycées des métiers du numérique et de l’audiovisuel puis des autres métiers du XXIe siècle.
Offrons à nos jeunes un meilleur apprentissage des langues. Le Fenua de demain aura besoin de jeunes Polynésiens plurilingues, maîtrisant leurs langues et leur culture, et ouverts au monde, pratiquant l’anglais et peut-être aussi le chinois. Le temps de construire un Érasmus Pacifique au service de nos jeunes et de notre population est désormais venu : les mobilités de nos jeunes passent par ces partenariats à l’échelle du grand Bassin océanien.
Sachons reconnaître et affronter les difficultés de notre système éducatif. Trop de jeunes et de familles rencontrent encore des difficultés scolaires qui les mènent au désintérêt et au décrochage. Il s’agit d’affronter cette réalité en face pour la chiffrer, la comprendre, et surtout y remédier. Créons les conditions d’une maîtrise des savoirs fondamentaux et d’une véritable éducation à la citoyenneté. Cela passera par une offre éducative riche, confiante, exigeante et de qualité, ainsi que par des personnels mieux formés aux méthodes et pratiques innovantes. La persévérance scolaire passera aussi par le bien-être des élèves dans leur établissement. La qualité de vie à l’internat, les transports, les rythmes et le calendrier scolaires doivent être au cœur de nos préoccupations.
Sachons regarder autour de nous, chez nos voisins du Pacifique et au-delà, inspirons-nous des pays qui font preuve d’efficacité en matière de parcours de formation et de bien-être des élèves. Redonnons du sens à notre École, de la confiance à nos personnels, aux familles ainsi qu’à toute la société. Offrons un avenir rassurant à nos jeunes !
Gagnons de nouvelles marges d’autonomie pour l’École. Par exemple, créons une école dans les îles éloignées qui irait de la maternelle à la 3e avec des enseignants pluridisciplinaires pour favoriser la persévérance scolaire. Par exemple, innovons avec des écoles plus immersives afin de garantir une maîtrise équivalente de la langue polynésienne à celle du français. Par exemple, expérimentons avec l’État un concours local de recrutement dans le 2nd degré, en commençant par celui des conseillers principaux d’éducation, pour faciliter et renforcer le lien entre l’École et les familles.
Le grand débat sur « Notre École polynésienne » devra confirmer, infirmer, amender ces exemples de propositions car c’est avec vous et à partir du terrain que nous allons édifier une École qui nous ressemble et qui nous rassemble.
Tous ensemble, écrivons les pages de notre nouvelle Charte de l’éducation !
’A fa’aitoito ana’e !
Ronny Teriipaia, Ministre de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la culture